Traiter le cancer du sein
Il existe désormais plusieurs traitements permettant de combattre avec précision le cancer du sein. Différents paramètres sont à prendre en considération dans le choix du traitement le mieux indiqué. Une bonne compréhension des options thérapeutiques aide les patientes à prendre, avec l’aide du médecin, la meilleure décision quant au traitement correspondant à leur cas individuel.
Choisir ensemble le traitement
Le traitement du cancer du sein dépend du stade d’évolution de la maladie et de la nature de la tumeur. Cependant, l’âge et l’état de santé général de la patiente jouent aussi un rôle. Dans la plupart des cas, il y a plusieurs options de traitement appropriées et il n’est pas toujours aisé pour les personnes concernées de prendre la décision. Néanmoins, on n’est pas obligé de commencer le traitement immédiatement. On a toujours le temps pour explorer avec le médecin toutes les possibilités dont on dispose, poser des questions et s’informer. De nombreuses femmes se sentent soulagées lorsqu’elles sont accompagnées par une personne de confiance lors des consultations. Il est primordial pour une patiente de ne consentir à un traitement qu’après avoir été bien informée.

Dans la majorité des cas, les femmes s’adressent en tout premier à leur gynécologue. Il ou elle peut les accompagner dans le choix de la bonne clinique. Il existe de même d’autres points de contact comme les cliniques du sein certifiés avec des spécialistes multidisciplinaires expérimentés.
Gérer les effets secondaires
C’est essentiel, pour choisir un traitement adapté, d’analyser les chances de guérison et les risques d’effets secondaires, cela concerne en particulier les patients dont le cancer du sein est très avancé. Les patients peuvent et ont à tout moment le droit de refuser un traitement.
L’éventualité et l’ampleur des effets secondaires liés à un traitement du cancer du sein varient fortement en fonction des cas et sont imprévisibles. De nombreux médicaments anticancéreux mis au point ces dernières années diminuent les effets secondaires. En outre, le médecin dispose de médicaments efficaces pour prévenir ou atténuer les effets secondaires. C’est pourquoi les personnes concernées sont appelées à parler ouvertement tout effet concomitant avec leur médecin.
Formes de traitement du cancer du sein
Le traitement du cancer du sein s’appuie sur trois piliers : intervention chirurgicale, traitement médicamenteux et radiothérapie. Le choix du traitement dépend principalement du type de cancer, de son agressivité, de la présence ou non de divers récepteurs et de l’extension de la tumeur.
À un stade précoce, le traitement a le plus souvent un objectif curatif (lat. curare, guérir), il vise donc une guérison. L’intervention chirurgicale est un élément important de ce traitement. Dans la plupart des cas, on associe plusieurs approches avant l’intervention chirurgicale (traitement néo-adjuvant) ou après l’intervention (traitement adjuvant).
Tous les patients n’ont pas besoin de toutes les formes de traitement, mais dans la plupart du temps, plusieurs options sont pertinentes. Il est conseillé de bien comprendre, avec l’aide du médecin, les différentes options thérapeutiques disponibles afin de pouvoir faire un choix éclairé.
Lorsque le cancer du sein a déjà atteint d’autres organes et produit des métastases à distance, les spécialistes parlent d’une approche thérapeutique « palliative ». Le but du traitement est de ralentir la progression de la maladie avec la meilleure qualité de vie possible.
Un cancer du sein métastatique est la plupart du temps soigné avec des médicaments qui agissent sur l’ensemble de l’organisme (systémiques) et peuvent ainsi combattre même des métastases restées invisibles. Radiothérapie ou intervention chirurgicale sont rarement pratiquées dans un tel cas, seulement lorsqu’elles peuvent par exemple atténuer des symptômes ou permettent d’éliminer par voie chirurgicale des métastases isolées.
Intervention chirurgicale
Pour beaucoup de patients atteints d’un cancer du sein, l’intervention chirurgicale est une étape cruciale dans le traitement. Elle vise à enlever la tumeur. Le chirurgien extrait pour cela le tissu cancéreux en prélevant une marge de sécurité dans le tissu sain. De plus, il retire des ganglions lymphatiques dits sentinelles pour les analyser (« biopsie du ganglion sentinelle ») ; c'est le premier ganglion lymphatique directement connecté à la tumeur via un vaisseau lymphatique. En cas d'absence de cellules tumorales dans la sentinelle, il n'est pas nécessaire d'enlever d'autres ganglions. Cependant, si la sentinelle contient des cellules malignes, les autres ganglions lymphatiques doivent également être enlevés. Dans le cas de grosses tumeurs ou s'il y a plusieurs tumeurs dans le même sein, un curetage axillaire complet est effectué.

Aujourd’hui, nous avons la possibilité d’opérer la plupart des patientes sans enlever le sein. Nous sommes alors en présence d’une opération conservatrice. Le chirurgien ne retire que la partie touchée du tissu mammaire. Une intervention conservatrice est dans la plupart des cas suivie d’une radiothérapie.
Une chirurgie qui enlève le sein et toute la glande mammaire(mastectomie) est relativement plus rare que les opérations conservatrices. Pour la majorité des femmes, le sein est l’expression de leur féminité et nombreuses sont celles qui, après l’ablation, ont recours à une reconstruction mammaire. Les patients qui envisagent une reconstruction mammaire devraient le signaler avant l’intervention. Les cliniques de sein spécialisés font appel à un chirurgien plastique dès la phase de planification du traitement. Une reconstruction mammaire n’influe pas sur les chances de guérison.
Radiothérapie
En radiothérapie, pratiquée la plupart du temps après une intervention chirurgicale, des rayons de haute énergie attaquent les cellules cancéreuses pour les empêcher de se multiplier. Ils détruisent donc les cellules tumorales qui auraient pu subsister et augmentent énormément les chances de guérison. Le rayonnement ne cible qu’une zone délimitée avec précision afin de préserver les organes voisins comme le cœur ou les poumons.
La radiothérapie peut provoquer une sensation de brûlure sur la peau, semblable à un coup de soleil. Elle peut aussi être accompagnée de fatigue et de malaise.
Chimiothérapie
En chimiothérapie, des médicaments spéciaux (cytostatiques) détruisent les cellules cancéreuses en ralentissant leur multiplication. Différents cytostatiques seront souvent associés pour augmenter l’efficacité (exemple de chimiothérapie : association d’anthracycline et de taxane). Contrairement à la radiothérapie, la chimiothérapie a une action systémique, c’est-à-dire qu’elle déploie son action dans l’ensemble de l’organisme et peut ainsi s’attaquer à d’éventuelles populations tumorales se trouvant dans d’autres organes.
L’administration de la chimiothérapie s’effectue le plus souvent par perfusion intraveineuse en ambulatoire. Mais il existe aussi des produits de chimiothérapie sous forme de comprimés.
Les cytostatiques n’attaquent pas seulement les cellules tumorales, mais également les cellules saines à multiplication rapide. Les plus touchées sont les follicules pileux, la moelle osseuse et les muqueuses. Il peut s’en suivre les effets secondaires suivants :
- Nausées et vomissement
- Diarrhée et douleurs abdominales
- Chute des cheveux
- Fatigue
- Anomalies de la numération de la formule sanguine et vulnérabilité aux infections
Beaucoup de patients souffrent particulièrement de la perte de leurs cheveux. Comme la majorité des effets concomitants, la chute des cheveux est passagère. Les cheveux repoussent à la fin de la chimiothérapie.

Il est important de prendre soin de soi pendant le traitement. Pensez à vous accorder suffisamment de temps pour vous détendre.
Traitement antihormonal
Les patients dont le cancer présente des récepteurs hormonaux positifs reçoivent un traitement antihormonal. Les produits utilisés diminuent la production d’œstrogènes endogènes ou bloquent la fixation de cette hormone aux récepteurs correspondants. Ils empêchent ainsi les œstrogènes d’agir sur la tumeur et inhibent sa croissance. Les principes actifs administrés à la patiente dépendent entre autres de son statut de ménopause.
Dans le cadre du traitement du cancer du sein, ces produits antihormonaux aux actions différentes peuvent être employés :
Un traitement antihormonal débute souvent après l’intervention chirurgicale et est habituellement administré sous forme de comprimés pendant cinq ans. Il est primordial qu’ils soient pris systématiquement pour pouvoir mettre un terme efficacement à la croissance de la tumeur. Il peut être nécessaire d’être suivie par un médecin chevronné durant cette période.
De fait, le traitement antihormonal agit sur les processus hormono-dépendants de l’organisme. Il peut entrainer des troubles caractéristiques de la ménopause comme des bouffées de chaleurs, des sueurs ou des troubles de l’humeur. Certains produits peuvent aussi provoquer des douleurs musculaires ou articulaires ou une diminution de la densité osseuse.
Traitements ciblés contre le cancer du sein
Les nouveaux agents actifs ciblent des caractéristiques spécifiques qui jouent un rôle important dans la croissance de la tumeur. Ils combattent le cancer de façon ciblée et ménagent autant que possible les cellules saines. Il existe pour la thérapie ciblée du cancer du sein entre autres les traitements par anticorps anti-HER2, les inhibiteurs de l’angiogenèse ou encore les inhibiteurs de CDK4/6.
Les anticorps sont des éléments du système immunitaire qui servent les défenses propres à l’organisme. On peut fabriquer en laboratoire des anticorps thérapeutiques qui fixent de manière ciblée des récepteurs sur la cellule tumorale et les bloquent. Ce faisant, ils freinent la croissance tumorale.
Qu’est-ce que l’immunothérapie ou immuno-oncologie ?
La recherche s’attache depuis longtemps à trouver comment le système immunitaire pourrait lui-même lutter contre les cancers. Très récemment, des progrès énormes dans le domaine de l’immunothérapie ont été réalisés. Les médicaments administrés pour l’immunothérapie anticancéreuse (immuno-oncologie) stimulent le système immunitaire de l’organisme pour qu’il se batte contre le cancer. Le système immunitaire peut alors reconnaître les cellules cancéreuses et les combattre lui-même.
L’immuno-oncologie suit un principe important : elle cherche à éliminer le dispositif mis en place par les cellules tumorales pour se mettre à l’abri des attaques du système immunitaire. Normalement, ce dernier est capable d’identifier des cellules tumorales et de les attaquer de manière ciblée. Mais certaines cellules cancéreuses peuvent passer entre les mailles du filet. Les cellules cancéreuses interagissent avec les cellules immunitaires par l’intermédiaire de certaines structures situées à leur surface (les checkpoints) pour les empêcher de les attaquer. Cette « imposture » permet à la tumeur de grossir librement.
Les inhibiteurs de checkpoints coupent cette communication brouillée entre la tumeur et le système immunitaire. Ils permettent au système immunitaire d’avoir à nouveau une information correcte sur les cellules cancéreuses et, ce faisant, les rendent vulnérables. Ils bloquent les sites de liaison (récepteurs) sur les cellules tumorales et/ou les cellules du système immunitaire. Les cellules tumorales ne peuvent plus « fausser la communication » avec les cellules du système immunitaire. Les défenses de l’organisme peuvent alors s’attaquer à la tumeur.

L’immuno-oncologie suit un principe important : elle cherche à éliminer le dispositif mis en place par les cellules tumorales pour se mettre à l’abri des attaques du système immunitaire.
Médecine complémentaire
La notion de médecine complémentaire couvre une large gamme de méthodes thérapeutiques appartenant à la naturopathie (homéopathie, médecine ayurvédique) ou encore à la médecine chinoise traditionnelle (acupuncture, massages). Mais la médecine complémentaire utilise aussi des méthodes thérapeutiques psychologiques (techniques de relaxation, méditation).
De nombreuses patientes atteintes d’un cancer du sein ressentent l’envie de prendre part elles-mêmes activement au combat contre le cancer et ont recours à des méthodes de la médecine complémentaire. Ces dernières ne peuvent pas guérir le cancer, mais elles peuvent compléter les thérapies de la médecine conventionnelle. Elles peuvent amoindrir les effets concomitants du traitement allopathique et avoir un effet positif sur le bien-être de la personne. Néanmoins, ces méthodes complémentaires peuvent aussi avoir des effets secondaires ou des interactions et, par conséquent, nuire au succès du traitement suivi. C’est pourquoi il est primordial de décider de mesures supplémentaires avec l’accord du médecin traitant.
Curatif ou palliatif ?
Le cancer du sein détecté et traité précocement est guérissable dans la plupart des cas. Le traitement est alors curatif. Le traitement curatif cherche à éliminer intégralement des cellules tumorales du corps et, par suite, la guérison du patient.
La médecine palliative accompagne les patients aux stades avancés de la maladie et assiste les malades et leurs proches. Son objectif principal est la qualité de vie du patient. Outre le soulagement des douleurs et des effets concomitants, l’assistance psychologique des personnes touchées et de leurs proches est un élément majeur de la médecine palliative. En médecine palliative, des religieux, des psychologues et des bénévoles les accompagnent et les soutiennent.

Un traitement palliatif peut avoir lieu soit en ambulatoire à domicile, soit en stationnaire. Il prend toujours les désirs du patient en considération.
Les principaux interlocuteurs pour toutes les questions relatives à la médecine palliative sont le médecin de famille et l’oncologue traitant.
Etudes cliniques
Une étude ou un essai clinique est une recherche organisée et pratiquée sur la personne humaine en vue du développement de connaissances biologiques et/ou médicales. Les nouveaux médicaments sont tout d’abord étudiés en laboratoire sur des cellules et des animaux, et les médicaments qui semblent prometteurs sont ensuite étudiés avec de nombreuses précautions chez des personnes humaines dans le cadre d’études cliniques
L’objectif d’une étude clinique est d’évaluer la sécurité d’emploi, la tolérance et/ ou l’efficacité de nouveaux candidats médicaments afin de déterminer dans quelle mesure ils peuvent aider les personnes à se sentir mieux, ou à contribuer à améliorer ou à interrompre l’aggravation d’une maladie.
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