Combler le fossé des soins de santé en Belgique : la perspective du pôle de l’innovation
La Belgique consacre plus de 10 % de son produit intérieur brut (PIB) aux soins de santé [1], la plaçant ainsi au quatrième rang au sein de l'Union européenne. Cependant, elle se classe 19e en termes de mortalité évitable [2]. Bien que ces données nécessitent une interprétation prudente et doivent être considérées dans leur ensemble, elles soulèvent d'importantes questions sur l'efficacité du système de soins de santé en Belgique.
Dans le cadre de notre série de conversations autour de l’innovation en matière de santé, nous avons échangé avec Pascal Verdonck, ingénieur civil et biomédical, professeur de technologie médicale à l'UGent, chargé de cours à la KU Leuven et à la Vlerick Business School, Président du Conseil d'Administration d'AZ Maria Middelares, et une voix influente en Belgique dans le domaine de l'innovation en santé.
Comment, en tant qu'académicien et expert, voit-il l'efficacité et la qualité des soins de santé en Belgique ? Que faisons-nous bien, que faisons-nous moins bien et comment pouvons-nous nous améliorer ?
Efficacité versus Effectivité
Dans le domaine des soins de santé, l'accent est souvent mis sur l'effectivité (poursuivons-nous les bons objectifs et les atteignons-nous ?) et moins sur l'efficacité (avec combien d'efforts atteignons-nous ces objectifs ?). Il en résulte que nous payons trop cher pour la qualité que nous obtenons.
Comment se fait-il que la plupart des gens le perçoivent différemment ? Parce que nous évaluons surtout les soins en fonction de nos expériences personnelles, explique le professeur Verdonck. Nous observons la rapidité avec laquelle nous sommes aidés, l'accessibilité des prestataires de soins et le coût que nous devons supporter. Sur chacun de ces points, la Belgique se débrouille plutôt bien. Mais derrière ces aspects très tangibles se cachent bien d'autres choses.
Ainsi, le coût direct des soins pour un patient ne reflète pas correctement le coût réel que nous, en tant que société, payons. Pourtant, de nombreuses personnes fondent leur perception de "l'abordabilité des soins" sur ce coût direct, même s'il en dit peu ou rien sur l'abordabilité du système.
Qualité perçue
En Belgique, le chirurgien passe souvent la veille de l'intervention pour donner des explications et nous rassurer. Nous percevons alors ce contact comme une valeur ajoutée importante, même s'il ne change guère les résultats cliniques.
La qualité est également difficile à évaluer. À quel point les résultats des soins que nous avons reçus sont-ils bons ? Sont-ils meilleurs ou moins bons que ce que nous pouvons légitimement attendre ? Les réponses à de telles questions ne sont pas évidentes. Ainsi, nous mesurons la qualité en fonction d'autres aspects, tels que le contact avec les prestataires de soins.
Trop de tests diagnostiques prometteurs n'atteignent pas suffisamment rapidement les patients aujourd'hui. La raison ? Les organismes notifiés chargés de traiter les dossiers des tests diagnostiques et d'autres technologies médicales en Europe ne disposent pas d'une capacité suffisante.
Le professeur Verdonck espère donc que
Technologie et données
Pour parvenir à des soins vraiment intégrés, votre système doit être connecté au patient, vous avez besoin de données pertinentes et vous devez pouvoir utiliser ces données de manière significative. Cela n'est possible que si l'informatique est la colonne vertébrale de l'ensemble du continuum de soins.
Le professeur Verdonck plaide donc en faveur d'une plus grande attention à l'efficacité du système et à la qualité clinique qu'il offre. Notre système de santé est une machinerie complexe. Pour la faire fonctionner en douceur (c'est-à-dire efficacement), nous devons aligner parfaitement tous les éléments les uns sur les autres et sur le patient. Et cela ne peut se faire qu'avec la bonne utilisation de la technologie et des données de santé.
Vers davantage d'investissements ?
Si nous prenons la numérisation des soins au sérieux et investissons en conséquence, nous en récolterons tous les fruits.
Nous n'en sommes pas encore là en Belgique aujourd'hui, mais le professeur Verdonck espère que tous les acteurs du secteur, en particulier les décideurs politiques, en feront une priorité. Il fait référence à un rapport de McKinsey sur les Pays-Bas. Le cabinet de conseil a calculé que si le gouvernement néerlandais investit maintenant 9 milliards d'euros dans le déploiement d'outils numériques existants et dans le développement d'innovations numériques dans les soins de santé, cela pourrait rapporter 18 milliards d'euros d'ici 2030. Cela représente un bénéfice net de pas moins de 9 milliards d'euros.
Références
En savoir plus
R.E. : Pharm E. De Bruyne - M-BE-00002659 - created on 13/02/2024